Bulletin de santé de décembre (réservé à celles et ceux que ça intéresse vraiment!)

Bref, le cancer avance, au fur et à mesure qu’on lui oppose de nouveaux protocoles. Tout au plus peut-on saluer la progression ganglionnaire sous une forme qui rappelle opportunément les décorations de sapins de Noël.

Une nouvelle chimio a été arrêtée du fait des crises de tremblements (violents) qu’elle provoquait (jusqu’à 4h). Un nouveau protocole va être adopté à partir du 10 janvier.

Demeure une fatigue constante ; littéralement, je ne tiens plus sur mes jambes, surtout à l’arrêt ou en changeant de position (m’est arrivé de tomber en me relevant d’un siège). Je suis atteint par une variante de la maladie du sommeil. À peine ai-je fait quoi que ce soit (manger par ex.) que mes yeux se ferment.

La nouvelle année s’annonce somnolente et instable.

Bracelet électronique obligatoire au collège (dans la Sarthe)

L’excellente revue S!lence (décembre 2022, n° 516) se fait l’écho d’une nouvelle intéressante concernant les formes que prennent le contrôle des adolescent·e·s via le collège.

La méthode utilisée est la même que celle dont on use pour «remplacer» la prison, quelques «bonnes intentions» en plus. Voilà un pavement qui conviendra parfaitement à l’enfer techno-policier.

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De la discrète disparition du désir

Après avoir subi deux anesthésies générales à douze heures d’intervalle, au début du mois de janvier 2022, j’avais noté un changement de « comportement » de mon pénis. Il était devenu rarissime qu’il entrât en érection spontanément. Quant aux essais de masturbation, ils menaient à des « orgasmes secs » (sans éjaculation), certes intenses, mais insolites.

Le temps ayant passé – chimiothérapie, radiothérapie, scanners en pagaille et médicaments divers – l’érection disparut tout à fait : ni désirante ni matutinale.

Dans le même temps tout espèce de désir avait également disparue : ni fantasmes diurnes ni rêves nocturnes.

Taquine et rassurante, une amie a voulu me convaincre que cela reviendra comme la capacité de lire. Il suffit de se montrer patient et de feuilleter l’ouvrage idoine…

C’est le moment d’évoquer un état d’esprit, sans doute difficilement compréhensible par la plupart des garçons (et pas mal de filles) : je n’éprouve plus aucun désir de désirer !

L’épuisement d’un désir lié à l’âge et les effets de mon cancer et de ses traitements se seraient-ils rencontrés et conjugués ?

Certes, je ne prétends pas être à l’abri d’une émotion esthétique (en croisant une jolie femme dans la rue) ou ne plus pouvoir apprécier la beauté provocante d’un poème érotique. Mais d’émotion physique (hors les larmes), point. Ni devant une photo de nu ni devant telle scène « d’amour physique » d’un film.

Or, je ne ressens aucune frustration. Tout au contraire : j’ai le sentiment d’en être désormais parfaitement protégé (je n’ai d’ailleurs jamais manifesté de grandes dispositions pour cette forme du manque). Pourquoi dès lors s’exposer inutilement à des désillusions ?

J’avertis que je vais envisager maintenant une hypothèse fort improbable. Elle l’est pour de multiples raisons, que je ne tiens pas à énumérer ici, ne serait-ce que pour ne pas heurter davantage la sensibilité de celles et ceux qui me lisent (sans parler de la mienne).

Bref : je serais extrêmement embarrassé par une éventuelle proposition érotique ou amoureuse. Peu importe par qui elle serait formulée. Le refus que je serais contraint d’y opposer risquerait d’être pris pour une rebuffade délibérée : malentendu et souffrance…

Et me voici – paradoxalement – dans le même état d’esprit que beaucoup de garçons lorsqu’ils bandent : Pourvu que ça dure ! me dis-je en mon for intérieur.

“Les roses de l’alphabet” ~ de Guy Girard

ALLITÉRATIONS DE SURVIE

Chacune des lettres de l’alphabet fournit à Guy Girard le prétexte à l’éclosion d’un texte poétique allitératif (voir ci après la lettre «H»). Comme on peut le vérifier, certaines de ces roses ne manquent pas de piquant, ni le bouquet de senteurs… Trois dessins (du même auteur) agrémentent l’ensemble.

La plaquette de 37 pages est éditée avec beaucoup de soins par les Éditions Litan et imprimée à cinquante exemplaires (seulement, hélas!). Celles et ceux qui seraient désireux·ses de se la procurer peuvent tenter leur chance en s’adressant à l’auteur aux bons soins de la revue surréaliste Alcheringa, à laquelle il collabore (alcheringa.revue@gmail.com).